« Bring your own device » (BYOD), le SI s’adapte à l’intérêt de l’utilisateur

Les outils technologiques (Téléphone, TV, Ordinateur, etc…) que l’on possède à titre privé sont ceux que l’on utilise le mieux et avec lesquels on est le plus à l’aise.  D’une part parce qu’ils nous appartiennent et que l’on en fait une utilisation quotidienne dans notre propre intérêt, d’autre part parce qu’il s’agit d’un choix de consommation à titre individuel.
Tout individu qui décide de se procurer un appareil technologique le fait par attirance personnelle, que l’on peut analyser par plusieurs critères, mais ce qu’il faut retenir  c’est qu’il s’agit d’un choix volontaire.
 Il n’y a donc aucune réticence, ni résistance dans l’utilisation de l’outil choisi, l’adhésion est « instantanée ». D’un point de vue psychologique, la volonté et l’investissement dans la compréhension d’utilisation d’un outil que l’on a acheté à titre personnel sera plus fort que dans le cas d’un outil imposé.

Au niveau de l’entreprise, le matériel informatique qui est proposé est souvent bien éloigné de ce que l’on choisit à titre individuel. D’ailleurs un observatoire de la mobilité réalisé par l'IDC pour IBM recense une progression d’outils technologiques (mobiles, ordinateurs portables, tablettes) dans l’entreprise qui ne sont pas rattachés au système d’information et qui sont apportés par les collaborateurs. On peut interpréter la chose, comme une volonté des collaborateurs de travailler avec des outils qui leurs correspondent ou d’avoir à disposition un matériel de qualité, ce qui n’est pas forcément la préoccupation première des entreprises qui cherchent à minimiser les coûts en équipements. 

« Bring Your Own Device » (BYOD), ou plutôt apportez votre propre appareil, est un concept où les entreprises subventionnent une partie des appareils technologiques de leurs salariés, afin qu’ils les utilisent au travail. En 2009, une étude de Gartner (source : BYOD : silicon.fr) fait le constat que "43% des cadres des grandes entreprises américaines" utilisent leurs propres outils technologiques au travail  (Téléphone, Ordinateurs, Tablettes). Cette tendance tend à s’accentuer dans plusieurs entreprises, ce qui implique les problématiques incontournables de la sécurité du système d’information et du terminal, ainsi que la maitrise du parc informatique des sociétés.

Peut-on laisser les collaborateurs utiliser leurs appareils personnels librement sans craindre la perte de contrôle de l’information ? La gestion du parc de mobilité des entreprises devient-il hors de contrôle ?

Toutes ces craintes sont naturelles car la capacité de contrôle des Directions des systèmes d’information au niveau du parc informatique pour les appareils de mobilité devient de plus en plus faible. Pourtant, il faut bien cerner ou anticiper un nouveau comportement des utilisateurs. Le monde de l’entreprise est composé aujourd’hui, de collaborateurs qui sont de plus en plus à l’affût des nouvelles technologies et l’utilisent de façon permanente à titre privé ou professionnel. Une majorité arrive à un certain niveau de compétence qui entraine de ce fait un niveau d’exigence dans l’équipement. Ainsi, les entreprises devraient  se préparer à repenser leurs systèmes d’information dans le sens les « adaptés », pour qu’ils soient accessibles à tous les collaborateurs à partir de n’importe quel terminal tout en maintenant les processus d’accès par population de l’entreprise. Il s’agit de rendre les accès au SI moins rigides mais avec autant de sécurité. L’idéal serait que les collaborateurs puissent se connecter avec un système d’accès sécurisé au système d’information à partir de n’importe quel ordinateur portable ou téléphone mobile. 

Il y a aujourd’hui énormément d’outils, d’applications qui proposent les mêmes possibilités. Chaque individu a une préférence, une sensibilité qui fera qu’il penchera vers une utilisation plutôt qu’une autre. Les entreprises qui sauront adapter un système d’information permettant aux collaborateurs par le biais du « BYOD » de travailler quelques soient leurs outils de travails auront gagné sur le terrain de la productivité. De plus, le fait de subventionner les outils technologiques des collaborateurs, permet d’économiser les coûts de gestion du parc de mobilité et d’offrir un confort de travail à la mesure des compétences des individus de l’entreprise. 

Le problème de la sécurité est un problème qui dépasse l’idée d’homogénéisation des outils informatiques et des applications. La sécurisation de l’information au sein des entreprises est un enjeu  qui ne dépend pas uniquement de la sécurité informatique techniquement parlant. Les informations en entreprise peuvent être diffusées par n’importe quel collaborateur, dès lors que ce dernier décide de le faire. Il faut se concentrer sur la sensibilisation à la protection de l’information des collaborateurs et mettre en œuvre des bonnes pratiques de gestion des informations. La masse de données qui circulent aujourd’hui dans les entreprises et la question de la maitrise du Big Data en fait un sujet de premier ordre.

Le fait de permettre aux collaborateurs un accès à la technologie, de donner les meilleures conditions de travail à ce niveau, implique une réorganisation et une nouvelle forme de systèmes d’information. Le système d’information est alors orienté vers l’intérêt de l’utilisateur pour stimuler sa productivité et non pour minimiser les coûts informatiques de l’entreprise qui d’ailleurs augmente le capital médiocrité en infrastructure. Les entreprises qui anticiperont ce tournant, feront un choix stratégique en raison de l’arrivée d’une nouvelle génération sur le marché du travail. Le poids stratégique des systèmes d’information dans sa forme actuelle dans l’activité des entreprises d'aujourd’hui nécessite de prendre en compte tous ces paramètres, ce qui me permet d’affirmer que le «BYOD » va se généraliser et être le début de beaucoup de mutations en gouvernance IT.  

Emmanuel Malkor